Histoire des rues et des places de la commune de Champcevrais


 Dans les années 90, un habitant de Champcevrais, Monsieur Pierre TRIPOT, a réalisé un travail documenté sur la signification du nom des rues de notre village.  Cette page vous propose de découvrir le résultat de ses recherches.
Alors, laissez-vous conter l'histoire de nos rues, ruelles et autres places...

Place Henri Durand

Henri Durant est né à Champcevrais le 1er semptembre 1816. Il entre au conseil municipal en 1840 et est élu maire de 1846 à 1899, soit pendant 54 ans. Il décède le 28 juin 1899 à l'âge de 83 ans.

Agriculteur, éléveur, industriel et possesseur de plusieurs fermes, il tint une place importante dans le développement de notre village. En effet, c'est  à cette époque que Champcevrais se transforme et que, progressivement, la rue principale prend son acpect actuel.

Rue des Étangs

Il s'agit d'une partie de l'ancien chemin dit "des Vallées".

A 1,5km, sous le "Pont des chèvres", coule de ru de Beaune qui prend sa source dans "l'étang neuf" et se jette dans le Loing vers Rogny. Sur son parcours, il alimenterait plusieurs étangs, aujourd'hui partiellement asséchés : 
  • A 2km à gauche, celui de "l'étang neuf";
  • A 700m à droite, la digue de "l'étang de l'Opignot" (Épineau à l'arpentage effectué en 1785), qui a la particularité d'avoir, sur la partie latérale gauche, un canal de queue en digue.
  • "L'étang des Brangers", de création récente.
Le Beaune a servi, autrefois, à transporter les bûches et autres bois vers le port de Rogny, par système de flotaison.
Les étangs, alimentés par de ru et le débit des sources, servaient à certaines époques, par de judicieux lâchers d'eau, à maintenir un niveau d'eau suffisant pour permettre l'évacuation normale du bois. Le canal évitait le blocage du bois dans l'étang et assurait ains, sans manutention, la continuité du transport.

Le Beaune, la fontaine de l'Opignot et autres lieux de la commune ont été mis en poème par M. A. Doré, ancien maître d'école, dans son recueil "Après un rêve" datant des années 40.

Rue des Variétés

La dénomination de cette rue fait référence, en premier lieu, au café du même nom, où pouvaient se produire des manifestations de variétés musicales. Les locaux sont actuellement réaménagés en logements communaux. On peut également considérer le caractère varié des activités passées dans cette voie principale du village.
En effet, pendant de très nombreuses années, c'est dans cette rue que les habitants de la commune venaient faire leurs achats..
L'almanach commercial de l'Yonne, année 1883, indique le nombre de ces commerçants et artisans et en cite les noms :

Aubergiste - Bal public - Buraliste - Boulanger - Épicier - Bourrelier - Cordonnier - Menuisier - Perruquier - Sabotier - Charpentier - Charron - Maître maçon - Maréchaux.

Rue de la Caroline

Cette appellation, d'après la carte de la commune de 1859-1862, provient du nom de l'ancien moulin à vent et de la maison isolée situés sur le côté gauche de la route du Charme, après le château de Châtres, face à la route des Champlongs.

Rue du Pressoir

Situé sur la route de Champignelles, au lieu-dit "les Rosses", subsistait le seul pressoir mécanique  fixe encore en service dans la commune.

Actionné par un moteur "MORIN", puis électrifié, il a produit des milliers d'hectolitres de cidres.
Un autre pressoir identique, dit "Sans pareil" avait été démoli dans les année 40.

Pour faire le cidre, deux opérations sont nécessaires : la première consiste à réduire les fruits en bouillie épaisse, la deuxième à presser cette bouillie pour en extraire le liquide. 
Avant la mécanisation du pressoir, il fallit deux appareils distincts pour réaliser ces deux étapes :
  • Le premier, constitué de blocs de pierre en forme d'auge, travaillés en arc de cercle scellés entre eux sur un socle de maçonnerie, formant un ensemble circulaire de 7 à 8 mètres de diamètre. Au centre, un axe mobile en bois recevait, fixée horizontalement par tenon et mortaise, une autre pièce de bois servant d'axe à la meule que la traction animale faisait tourner afin d'écraser les fruits.
  • Le second, le pressoir à levier à vis, Il était composé d'un châssis de bois de grosse section, de forme rectangulaire, plus haut de large, au-dessus duquel de lourdes poutres servant à presser la bouillie étaient manoeuvrées manuellement à l'aide d'une vis de bois d'une vingtaine de centimètres de diamètre et de 3 à 4 mètres de long, passant au travers d'un écrou fileté, fixe.

Rue des Vignes

Rue partant de la rue des Étangs et traverse la rue du Pressoir.

Autrefois, on peut supposer  la présence de vignes  sur l'ensemble de ce parcours, compte-tenu de la toponymie des lieux sur le cadastre.

A une certaine époque, la partie située après le passage de la rue du Pressoir était appelée "chemin de la manoeuvrie" (appelation poyaudine.) Les bâtiments se trouvant sur la gauche formaient, avec plusieurs champs disséminés, une petite exploitation agricole. Là, un "manouvrier" tentait tant bien que mal, en dehors du travail effectué en tant que journalier, du temps où il n'y avait ni protection sociale, ni salaire minimum garanti, de subvenir aux besoins de sa famille en cultivant et en élevant ses animaux.

Le chemin qui, de la route de Bléneau à la rue des Étangs, est mentionné au cadastre "chemin des petites vignes", est appelé localement "chemin des aggravés".

Rue de Racibas

Autrefois cemin de terre servant à la culture des parcelles et des passages d'animaux des propriétaires riverains.

Par la suite, il assura  la desserte des maisons du hameau de Racibas.

Une entente assez récente entre propriétaires riverains et la commune a fait qu'il est devenu communal. Il a ensuite été construit et goudronné.

rue du Pilori

Cette rue a gardé l'appellation du chemin dit "du pilori".

Pilori : "Poteau ou pilier où l'on exposait publiquement les criminels en signe d'infamie." (définition du Larousse 2022.)

La section cadastrale "le pilori" se situe entre la section "les terrages" et celle du "Champ de la route".

Le terrage est le droit pour le seigneur de prélever certains produits agricoles.

rue du Sabotier

Dans cette rue, à angle droit , s'élevait un bâtiment fait de bois et torchis, avec porte et fenêtre en façade, sol en terre battue plus bas que le niveau de la rue : c'est la saboterie
A l'intérieur :
Le billot sur lequel, à l'aide de la hache à bûcher, on ébauchait le sabot à partir de bûches de bois de bouleau, verne (aulne), noyer ou autre, sciées à la demande, puis à l'aide d'un paroir, sorte de sabre articulé fixé à l'établi, l'ébauche fixée dans l'encoche du même établi, on donne le forme extérieure définitive au sabot. L'opération suivante consiste, à l'aide de la vrille et de la cuillère, à le creuser, le butoir servait à niveler la semelle, poncé, décoré ou non, noirci ou non, un trou précé sur le côté, relié à son partenaire par un fil de fer, il est prêt à être vendu.
Tel était le travail du sabotier.
Malgré la fabrication mécanique qui amena la disparition de la profession, le sabotier, avec les même outils et son savoir, assurait la finition.

Le dernier sabotier connu à Champcevrais est Arthur Perrault.

rue des Maisons Blanches

Elle déssert le hameau du même nom, construit sur la section cadastrale "les terres blanches".

Dans ce secteur, la marne affleure le sol. Une marnière y était exploitée jusqu'un 1939.

La marne était employée pour amender les terrains agricoles mais aussi par la commune pour la réparation des chemin vicinaux : semée en fine couche sur les "pièces"*, le tout étant ensuite tassé au cylindre.

*pièces : cailloux et marne écartés par les cantonniers pur consolider les parties défectueuses.

Place Saint-Germain de Paris

#85cd2dCette place tire son nom de saint patron de l'église.A l'intérieur de l'église, la statue sur socle qui le représente est la première sur le mur latéral nord à gauche de choeur.

L'église, dans son état actuel, présente deux âges bien distincts : le choeur, placé à l'est ainsi que la tour quadrilatérale datent de la fin du XIIème siècle, tandis que la nef a été reconstruite au XVIIIème siècle, après le 7 juin 1680 (voir la plaque votive classée monument historique en 1984, scellée dans le mur nord et qui mentionne que 23 presonnes ont été ensevelies, six ayant trouvé la mort.) Le curé de l'époque est Guillaume Desperiers qui fut au service de vette église pendant 31 ans. Il décède le 22 décembre 1693, âgé de 60 ans, Il est inhumé dans le choeur de l'église.

La place de l'église est l'emplacement de l'ancien cimetière ; l'arbre de la liberté y a été arraché en 1938. C'était un orme.

Rue du Caquetoir

Cepetit bâtiment à claire voie, accolé au mur ouest de l'église, fait de piliers verticaux avec barrière de fermeture à l'avant et garde fous sur les côtés en traverses et lames de bois de chêne, reposait sur un socle de maçonnerie avec marches à l'avant pour permettre d'atteindre le niveau du sol de l'église.

Sous cet auvent, se rassemblaient, après la messe ou toute autre cérémonie, les personnes qui désiraient entretenir un brin de causette. 
Date relevée sur une des charpentes : 1853.
 

Pourquoi ce bâtiment a-t-il été déposé ?
  • Le 16 novembre 1902, le conseil municipal décide de ne pas accueillir favorablement une pétition formulée par un habitant du village demandant à ce que cet auvent soit enlevé du porche de l'entrée de l(église, offrant 25 francs si sa pétition était prise en considération.
  • Le 28 novembre 1902, sa pétition est officiellement rejetée.
  • Le 22 mai 1904, le conseil municipal, considérant que l'auvent exigerait d'importantes réparation et que sa conservation ne répond à aucune utilité, décide, par 9 voix contre 3 la démolition.
Il est donc démonté et reconstruit au cimetière où il est encore aujourd'hui.

Rue de la Croix Saint-Jean

Pourquoi cette croix a-t-elle été érigée au rond-point de Clairefontaine ? Nul ne le sait, mais elle est la seule sur le territoire de la commune à être encore debout.

Plusieur autres croix existaient :
  • La Croix Saint-Marc : on en apprend l'existence par le relevé d'arpentage de la paroisse de CHampcevrais effectué en avril 1785. Elle faisait l'angle des territoires de Champcevrais, le Charme, Champignelles, près du hameau de la Roderie (Champignelles) et de la ferme des Saulniers (Champcevrais.)
  • La croix de l'orage : Elle fut érigée à la suite de la catastrophe de l'église du 7 juin 1680, située vers le hameau de la Benoitière; point d'arrivée de la procession qui avait lieu après la messe anniversairedite chaque année à pareille époque.  Cette dernière s'effectuaitencore en 1852 mais n'existait plus en 1900.
  • La croix Saint-Bon : Elle se dressait sur un socle de pierre près de la fontaine des Painchauds, dite "la bonne fontaine", située non loin du point de rencontre des limites des communes de Bléneau, Rogny, Champcevrais. Sans qu'il n'y ait ni sanctuaire, ni chapelle, ce lieu était voué au culte de Saint-Bon et de Saint-Denis.